Samedi 2 avril 2022 à 20h30, nous accueillons l'atelier de lecture à voix haute, vous présente une lecture des
Microfictions de Régis Jauffret. Rendez-vous à la Maison de la Terre pour vous plonger ces textes grinçants et plen d'humour
Restauration proposée dès 19h
20h30 - Lecture de textes, Liroudir
Liroudir, atelier de lecture à voix haute, vous présente une lecture des Microfictions de Régis Jauffret.
petites histoires dingues, loufoques, impitoyables, qui répertorient avec cocasserie les méfaits de notre société et dépiautent le genre humain dans toute sa cruauté... une fresque grimaçante et drôle, à mi- chemin entre réalisme et grand- guignol.
Merci à tout ce petit monde qui a permis à l'atelier de se tenir : Yoan Charles, Nadine, Odile, Céline, Jacqueline.
Nul doute, Régis Jauffret est un peu zinzin, et beaucoup écrivain. Il n’écrit que délires et dingueries, méchancetés et horreurs, et tient, sur plus de mille pages, le lecteur par la barbichette. C’est un coup de force, peut-être un défi à la démesure de sa détresse. C’est surtout un acte littéraire, un acte politique. Avec lui, c’est lis ou crève, vois le monde tel que je le regarde ou dégage ! Régis Jauffret est libre, au risque d’en faire trop, de choquer, de déplaire – en ces temps de mièvrerie omnipotente, voilà qui est salutaire, et jouissif.
En cinq cents histoires brèves, loufoques, impitoyables, Jauffret, grand manipulateur d’imaginaire, grand exterminateur de la réalité, fait le catalogue de ses obsessions. Il répertorie avec cocasserie les méfaits de notre société, et pousse à l’extrême tous les extrêmes que nous refusons de nommer – petites infamies, grandes trahisons. Rien n’échappe à son regard sarcastique. Tout devient limpide, irrémédiable. En quelques phrases mine de rien puissantes, il ouvre les portes de l’enfer : est-ce ainsi que les hommes vivent ? Un vrai massacre. Par la voix de ses narrateurs – ils sont donc cinq cents –, souvent des femmes, l’écorché vif Jauffret dépiaute le genre humain dans toute sa décadence. C’est renversant de cruauté, de justesse, et parfois de tendresse. L’auteur d’Univers, univers (Verticales, 2003) et d’Asiles de fous (Gallimard, prix Fémina en 2005) fait du désespoir une raison de vivre – « seuls les vivants peuvent espérer mourir » – et une raison d’écrire. Jamais, pourtant, il n’oublie d’en rire. Ou de se moquer de sa stature : « Je ne suis pas un monstre, je suis écrivain. » Une microfiction, selon Jauffret, c’est une page et demie, pas plus, une petite histoire qui raconte beaucoup.
Maître de l’attaque et de la chute, il va au plus pressé, à l’essentiel, à rebrousse-poil, par déflagrations anticonformistes, par frappes (phrases) chirurgicales. Exemple : « Je connais la misère, et la respecte. Le spectacle de la pauvreté est sans charme. Il peut atteindre le moral des plus fragiles d’entre nous. Mais nous devons l’endurer avec dignité. C’est notre devoir de riches. » Ses narrateurs, il faut bien en convenir, ne nous ressemblent guère – quoique... Tous pervers, égocentriques, alcoolos, dépressifs, bestiaux – des antihéros. Jauffret leur invente quelques scènes, mêle mélancolie et violence, écrit en négatif un bonheur à l’odeur rance ou qui n’a jamais existé. Amours moribondes, sexualité torturée, relations parents-enfants déjantées, racisme très ordinaire : Jauffret souffre et écrit le bêtisier qui nous sert de société, une « humanité moderne » étranglée par les humiliations, les mensonges, les terreurs. Ses personnages sont au choix pharmacien cupide, mollasson du cerveau, gens du show-biz épris de charité et de tentes monoplaces, prof avili, papy libidineux, journaliste prostitué, mère idem, cadre inférieur, touriste abonné au crétinisme, accro de télé, pétasse miteuse – et, aux côtés de tous ceux-là, des gamins déboussolés. L’auteur plonge dans l’immonde, décrasse les clichés, et sans pudeur, avec acharnement même, revendique un peu d’amour. Il y a, au fil de ses histoires qui souvent flirtent avec la fantaisie ou l’incongru, comme des relents de tendresse pour l’enfance, ces vies à peine écloses et déjà maltraitées, déjà dévoyées. Régis Jauffret a raison sur au moins un point : il n’est pas un monstre, mais un écrivain. Un type sensitif, sondeur, capteur, qui sait transformer le monde en littérature. Il pense (enfin, c’est ce qu’il écrit dans un de ses textes !) que ses Microfictions ont des chances (!) d’aller directement de l’imprimerie au pilon, sans passer par quelques doigts de lecteurs. Gageons que là il se trompe. Et même, on le remercie : avec lui, on se sent moins seul face à la barbarie.
Les formules repas
L'ardoise
Entrée + plat + dessert à 10,00€ ou 12,00€ selon le menu